Le Centre d'observation et de mesure des politiques d'action sociale (Compas) a consacré une étude à l'ubérisation des quartiers populaires, dans laquelle sont croisées des données géographiques issues de la base Sirene de l'INSEE pour les livreurs et chauffeurs de VTC, avec des variables caractérisant les quartiers.
Au 1er janvier 2022, plus de 230 000 personnes travaillent comme chauffeur de VTC ou livreur en deux roues par l'intermédiaire de plateformes numériques. L'étude montre une surreprésentation des travailleurs des plateformes dans les quartiers. Près de 1 chauffeur de VTC sur 5 vit dans un QPV (quartier prioritaire de la ville), soit une part 4 fois supérieure à l'ensemble des travailleurs. Cette part a légèrement reculé depuis janvier 2019 (de 21 à 19 %), sans doute en raison de la crise sanitaire et du coût d'entrée dans la profession.
Dans certains EPCI, la part des chauffeurs de VTC résidant en QPV dépasse largement la moyenne nationale. Il s'agit principalement de ceux situés à proximité des deux aéroports parisiens, ainsi que dans certaines métropoles.
Les quartiers où il y a le plus de chauffeurs VTC sont aussi ceux où les ménages ont le moins tendance à posséder un véhicule et où le nombre de places de stationnement est plus faible.
L'étude conclut que l'on retrouve plus de chauffeurs parmi les travailleurs des quartiers d'un EPCI très peuplé, ayant une part élevée d'immigrés et de ménages disposant d'une voiture, d'un EPCI avec de nombreux cadres et ayant un taux de pauvreté élevé. La présence des travailleurs des plateformes est la plus forte dans les quartiers où le phénomène de déclassement et de discrimination à l'embauche est le plus prononcé.
L'ubérisation des quartiers populaires / Botton Hugo, Compas .- in : Compas Zoom, n° 27, 24/11/2022, 10p. - En ligne sur le site du Compas