Essor de l'économie de la débrouille [Fondation Jean Jaurès]

vendredi 15 mars 2024
Avec la montée de l'inflation, les ménages français ont recours à "l'économie de la débrouille" pour préserver leur pouvoir d'achat et lutter contre le risque de "smicardisation".
Une note de la Fondation Jean Jaurès recense les différents aspects et manifestations de cette économie, en quantifie l'ampleur et analyse sa signification sociologique profonde.

L'économie de la débrouille recouvre en effet plusieurs réalités, notamment :
  • la vente en ligne entre particuliers, qui concerne mensuellement 1 Français sur 5, et jusqu'à 1/3 des 18-34 ans.
  • la fréquentation des bric-à-brac, vide-greniers et foires-à-tout. On compte environ 50 000 évènements de ce genre en France chaque année, fréquentés par 30 % des Français (dont 42 % chez les 18-34 ans), pour des motivations économiques mais également écologiques (privilégier la seconde main et le réemploi plutôt que l'achat d'objets neufs) ;
  • offrir des cadeaux de seconde main est une pratique en plein essor : 43 % des Français l'ont déjà fait (dont 62 % chez les 18-24 ans) et 42 % en ont déjà reçus. 59 % le font depuis moins de 3 ans, ce qui en fait un comportement émergent.
  • concernant la voiture, l'économie de la bricole est en plein essor, avec une "montée en puissance des garages automobiles associatifs ou collaboratifs, dans lesquels le propriétaire du véhicule va pouvoir faire une réparation ou un entretien de son automobile à moindre coût en participant lui-même aux travaux" : 3 % des propriétaires de véhicule y recourent déjà, et 37 % envisagent de le faire à l'avenir. Contrairement aux CSP+, qui ont fait leur conversion vers l'électrique, une partie de la "France populaire" a bricolé son moteur thermique pour l'adapter à d'autres carburants (boitier bio-éthanol, conversion au GPL...)
  • un recours accru au hard-discount : 49 % des Français effectuent une part importante de leurs achats de produits alimentaires et d'entretien dans ce type de magasins (+ 6 % par rapport à 2010), la proportion étant plus élevée dans les groupes sociaux les moins favorisés.
Ce développement de l'économie de la débrouille est analysé comme un phénomène multifactoriel : à la fois, il constitue "un indice de paupérisation du pays et de la « smicardisation » d’une partie de sa population", mais aussi est le reflet d'une "volonté politique d’une frange de la population de développer à côté du marché ou sous le marché des espaces d’échanges informels" que ce soit pour des motivations de nature écologiste ou anticapitaliste.

Source(s) :

La vitalité de "l'économie de débrouille" : symptôme du désarrimage des catégories populaires et (en mineur) des aspirations à une alter-consommation / Fourquet Jérôme .- in : Fondation Jean Jaurès, 29/02/2024, 20p. - En ligne sur le site de la Fondation Jean Jaurès