Portrait des indépendants dans l'économie de proximité [Tableau de bord ISM-U2P]
62 % des entreprises de proximité sont des entreprises individuelles. Au 31 décembre 2022, 44 % des non-salariés exercent dans les secteurs de l'artisanat. Les entreprises individuelles sont majoritaires dans l'artisanat de fabrication (61 %) et des services (67 %), tandis qu'elles ne sont que 39 % dans l'alimentation et représentent la moitié des entreprises artisanales du bâtiment.
Depuis la dernière réforme du régime micro-entrepreneur (2018), le nombre d'indépendants est en forte croissance, mais il est porté essentiellement par le micro-entrepreneuriat, qui passe de 36 % en 2017 à 51 % en 2022, tandis que le nombre d'indépendants classiques n'a progressé que de 5 % sur cette période. La part des micro-entrepreneurs chez les indépendants varie selon les secteurs, elle est plus faible dans l'artisanat alimentaire (37 %) et dans les professions libérales réglementées.
Le doublement des plafonds de chiffre d'affaires en 2018 a conduit à une forte hausse des immatriculations. Les radiations sont également en hausse.
Le rôle incitatif du régime est marqué chez les artisans : 61 % des artisans micro-entrepreneurs n'auraient pas créé leur entreprise en l'absence de celui-ci. La croissance du nombre de micro-entreprises est constatée dans tous les secteurs, et plus particulièrement dans l'artisanat de fabrication et des services. Le régime devient même la norme dans de nombreuses activités. A l'exception du secteur du BTP, le nombre d'indépendants du régime classique est en baisse dans le monde artisanal.
Le développement du régime micro-entrepreneur s'accompagne d'une massification des entreprises sans salarié (de 49 % en 2008 à 71 % en 2020 dans l'artisanat, mais moins de 50 % dans l'artisanat alimentaire), signe d'une "difficulté des entreprises à se développer et/ou du désamour des professionnels à gérer des salariés".
L'étude dresse également le profil des indépendants : les micro-entrepreneurs sont plus jeunes que les indépendants des régimes classiques, dont la population est vieillissante (43 % ont plus de 50 ans). Les femmes sont plus souvent micro-entrepreneures, notamment dans l'artisanat de fabrication (59 %). Les principales motivations des micro-entrepreneurs sont liées à un souhait d'indépendance, de meilleure conciliation entre travail et vie personnelle, et de libération des contraintes du salariat.
En matière d'activité, 1/4 des micro-entrepreneurs ne déclarent pas de chiffre d'affaires dans l'année, le taux de transformation économique du projet entrepreneurial variant selon les secteurs (de 91 % en coiffure à moins de 60 % dans la construction de réseaux électriques et les travaux de démolition). 6 % des indépendants et 16 % des micro-entrepreneurs sont poly-actifs (cumulent avec une activité salariée). Le revenu moyen des indépendants classiques est 6 fois supérieur à celui des micro-entrepreneurs, ce rapport étant variable selon les activités (3 fois supérieur dans l'artisanat du bâtiment, 4 fois dans les services, près de 6 fois dans l'alimentaire, et jusqu'à 8 fois dans l'artisanat de fabrication). Quel que soit le régime, les revenus des indépendantes sont moins élevés.
En 2022, moins de 1 % des indépendants (mais jusqu'à 9 % dans l'artisanat du BTP) ont changé de régime ; le régime micro-entrepreneur sert donc peu de "marchepied" pour tester une activité et évoluer vers un régime classique. Dans l'artisanat, seuls 10 % des micro-entrepreneurs envisagent une bascule.
75 % des entreprises classiques et la moitié des micro-entrepreneurs sont pérennes à 3 ans. 40 % des micro-entrepreneurs sont inscrits depuis plus de 6 ans.
Sources : INSEE, Urssaf, enquête ISM/CMA France sur les micro-entrepreneurs dans l'artisanat