Micro-entrepreneurs : profil et motivations [Etude - Fondation Entreprendre]

jeudi 06 juillet 2023
Une étude, réalisée par le cabinet Change It Use It (Julie Rieg, sociologue indépendante) pour la Fondation Entreprendre questionne les réalités sociologiques, sociales et économiques du micro-entrepreneuriat.
Commanditée en 2022, l'étude s'appuie sur une revue de littérature, la cartographie d'une centaine d'acteurs accompagnant les micro-entrepreneurs (dont les Chambres de métiers et de l'artisanat), des entretiens qualitatifs avec une quinzaine de micro-entrepreneurs et un atelier de co-analyse rassemblant 8 acteurs de l'accompagnement.

Entre 2017 et 2021, le nombre de micro-entreprises immatriculées chaque année a plus que doublé : il est passé de 241 800 à 641 500, selon les données de l'INSEE. Chaque année, environ deux tiers des entreprises immatriculées le sont sous le régime de la micro-entreprise. 57 % des micro-entrepreneurs l'utilisent comme activité principale en 2018 (données INSEE). Leur essor reste cependant à relativiser car certaines d'entre elles ne génèrent aucune activité. D'après l'Urssaf, la moitié des micro-entreprises créées en 2021 n'ont développé aucune activité sur l'année. 41 % des micro-entrepreneurs ont moins de 30 ans en 2021, contre 35 % chez les entreprises individuelles classiques. Parmi les micro-entreprises actives après leur création en 2018, 40 % le sont par des femmes contre 37 % si l'on considère toutes les créations, y compris inactives.

Les motivations des micro-entrepreneurs à créer leur entreprise diffèrent : il s'agit de compléter ses revenus en tant qu'étudiant, salarié ou retraité, assurer son propre emploi en raison de difficultés à trouver un emploi salarié et tester une activité entrepreneuriale. 33 % des micro-entreprises sont actives 5 ans après leur création (contre 62 % pour les autres créations). Ce faible taux de pérennité semble à mettre en relation avec un accompagnement moins fréquent que pour les autres entrepreneurs en général, le plus souvent pour les tâches administratives au moment de la création. « Aucune personne parmi les 15 micro-entrepreneurs interviewés [dans le cadre de l'étude] ne témoigne d'une excellente vision des réseaux d'accompagnement (...). Plusieurs interviewés citent entre 2 et 5 acteurs en capacité de les aider (notamment Pôle Emploi, la CCI, la CMA [Chambre de métiers et de l'artisanat] et la FNAE) et se saisissent plutôt bien de ressources proposées, les formations en tête. »
« (...) certains micro-entrepreneurs dénoncent l'absence d'une formation obligatoire à la gestion et à la comptabilité. Le stage de préparation à l'installation (SPI), délivré par les Chambres de métiers et de l'artisanat sur 4 à 5 jours, est en effet facultatif depuis le 24 mai 2019. Aucune donnée n'a été trouvée sur la part des micro-entrepreneurs qui participent à ce stage depuis la fin de l'obligation. »

L'étude souligne certaines difficultés rencontrées par les micro-entrepreneurs comme la solitude (travail réalisé seul et tout au long de la journée, contact uniquement avec leur client, pas de réseautage), la variation des revenus (en moyenne 680 euros/mois en 2019, selon l'INSEE), une protection sociale pour partie conditionnée par des seuils minimums de chiffres d'affaires à atteindre.

Parmi les micro-entrepreneurs interviewés, peu ont été accompagnés dans le choix de ce statut. D'après les acteurs de l'accompagnement rencontrés dans l'étude, il est compliqué d'entrer en contact avec les personnes souhaitant déposer le statut avant qu'elles ne le fassent pour les conseiller au mieux. "Et au-delà du statut, la question est avant tout celle de la solidité du projet entrepreneurial, de son modèle d'affaire et de la capacité à le mettre en œuvre." Il est à noter que des acteurs de l'accompagnement dédiés spécifiquement à ces entrepreneurs se développent.

L'étude émet 6 recommandations :
  • faire évoluer l'image des micro-entrepreneurs auprès des acteurs de l'accompagnement et des pouvoirs publics,
  • convaincre les micro-entrepreneurs d'être accompagnés,
  • "unir les forces des acteurs de l'accompagnement pour faire face à l'essor des micro-entrepreneurs (...)",
  • "travailler en continuité avec Pôle emploi et les conseils départementaux pour toucher les micro-entrepreneurs au plus tôt",
  • "accompagner les micro-entrepreneurs précaires pour développer leur entreprise ou retrouver un emploi",
  • "améliorer la protection sociale des micro-entrepreneurs et notamment des moins de 25 ans."

Source(s) :

Les micro-entrepreneurs, des entrepreneurs comme les autres ? / Fondation Entreprendre, Cabinet Change It Use It .- in : Fondation Entreprendre, 13/06/2023, 48p. - En ligne sur le site de la Fondation Entreprendre